- décaper
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1 ♦ Mettre à nu (une surface métallique) en enlevant les dépôts d'oxydes, de sels, les corps gras, etc. qui la couvrent. ⇒ dérocher, poncer. Décaper un cuivre à graver.♢ Fig. « décaper la littérature de ses rouilles diverses, de ses croûtes » (Queneau).2 ♦ Par ext. Débarrasser (une surface) d'une couche de matière qui la couvre. Décaper des boiseries peintes, un parquet sale. ⇒ gratter. Spécialt (1898) Décaper une chaussée, en nettoyer la surface pour un nouveau revêtement.décaperv. tr.d1./d TECH Débarrasser (une surface métallique) des oxydes ou des impuretés qui y adhèrent. Décaper des poutrelles métalliques.d2./d TRAV PUBL Enlever la couche superficielle d'un sol.I.⇒DÉCAPER1, verbe trans.A.— [En parlant d'une surface métallique] Nettoyer (cette surface) en enlevant la couche d'oxydes et autres impuretés qui la recouvrent. Pour décaper le fer, (...) il faut plonger les pièces dans le bain d'acide sulfurique (H. FONTAINE, Électrolyse, 1885, p. 68). Il existe différentes machines à décaper les tôles (GASNIER, Dépôts métall., 1927, p. 40).B.— P. ext. Ôter la couche superficielle qui recouvre et le plus souvent altère une surface quelconque.1. [En parlant de surfaces en pierre ou en bois, en partic. d'éléments de menuiserie ou de meubles] On prépare ensuite la pierre à l'acide nitrique, pour bien décaper la surface (VILLON, Dess. et impr. lithogr., 1932, p. 221) :• 1. Après avoir décapé les fauteuils, dont les bois eussent été trop noirs, il les recouvrit de toile bise...MAURIAC, Journal 1, 1934, p. 66.— P. métaph. Rendre son éclat, sa jeunesse à quelque chose. Il [Radiguet] rendait leur jeunesse aux vieilles formules. Il dépatinait les poncifs. Il décapait les lieux communs (COCTEAU, Diffic. être, 1947, p. 26).— P. métaph. et p. méton. Un tel courage, une propreté si scrupuleuse l'étonnaient un peu. Elle n'avait jamais vu chez les valets de ferme qu'une crasse puante, superficiellement décapée le dimanche (VAN DER MEERSCH, Invas. 14, 1935, p. 21).2. Spécialementa) MINES :• 2. Pendant l'hiver, l'exploitation est arrêtée; on en profite pour « décaper », c'est-à-dire enlever le découvert ou couche de terre qui recouvre la roche kaolinique.M. LARCHEVÊQUE, Fabrication industr. de la porcelaine dure, 1898, p. 130.b) TRAV. PUBL. Enlever la partie superficielle d'une chaussée afin de faciliter la prise du macadam de rechargement.c) VÉN. Ôter la peau (d'un animal), le dépouiller. Antonio coupa autour du pied de la bête [un marcassin] et il commença à décaper la cuisse (GIONO, Chant monde, 1934, p. 66).Rem. Noter aussi les emplois suivants où décaper a le sens de « ronger ». Les statues intérieures en plâtre, décapées par le feu jusqu'à une blancheur de craie (MALRAUX, Espoir, 1937, p. 580). P. métaph. Et la voix décapée par les alcools du tambour municipal, avertit les populations (ARNOUX, Zulma, 1960, p. 116).C.— P. métaph. ou au fig.1. [En parlant de pers.; le verbe peut être suivi d'un obj. second. introduit par de désignant ce dont on veut débarrasser qqn] Nettoyer, débarrasser (quelqu'un) de ce qui est inutile ou nuisible :• 3. Il [Claude Vorge] me paraît être de ces jeunes baladins (...) — qu'il faudrait retourner, manipuler six mois, plonger dans des acides — dans de puissants malheurs par exemple — pour les décaper et retrouver l'homme véritable qu'il y a peut-être en dessous...ROMAINS, Les Hommes de bonne volonté, La Douceur de la vie, 1939, p. 180.— Emploi pronom. Ces hommes se décaperont tout à l'heure de leur sueur, de leur alcool, de l'encrassement de leur attente dans les eaux régales de la nuit de guerre. Je les sens si près d'être purifiés (SAINT-EXUP., Terre hommes, 1939, p. 247).— P. méton. Enlever, faire disparaître ce qui est inutile ou nuisible. Lorsqu'il eut décapé tout ce qui s'était déposé sur elle dans sa solitude, de manies et de tics (QUENEAU, Enf. du limon, 1938, p. 93).2. P. ext. Faire apparaître avec plus de netteté. Une lueur froide et minérale décapait les contours des arêtes de pierre dure (GRACQ, Syrtes, 1951, p. 352).— Emploi pronom. Devenir plus net :• 4. La traversée d'une forêt, je n'ai jamais pu m'imaginer autrement l'approche d'un pays de légende. Il me semble qu'après elle la vision se décape, devient autre, que les champs découverts étincellent plus tendrement, plus doucement, dans la lueur levée derrière ce crépuscule des branches.GRACQ, Un Beau ténébreux, 1945, p. 73.Rem. On rencontre ds la docum. a) Le part. passé adj. décapé. Nettoyé, rendu neuf. Pendant vingt-quatre heures, son temps allait couler entre des rives nettoyées, des berges désencombrées où se retrouverait, décapé et pur, le doux loisir, matière première de la vie (MALÈGUE, Augustin, t. 1, 1933, p. 12). Son arôme [du café au lait] familier et renouvelé à la fois, décapé, rafraîchi, présenta le relief grattant des choses neuves (ID., ibid., p. 119). b) Décapeur,
) Subst. masc. Ouvrier qui effectue le décapage des pièces métalliques.
) Adj. masc. Qui décape. Synon. décapant, Un verre de vin loyal, savoyard, verjuteux et décapeur (ARNOUX, Pour solde, 1958, p. 51).
Prononc. et Orth. :[dekape], (je) décape [dekap]. Ds Ac. 1782-1932. Étymol. et Hist. 1742 chim. (Mém. de l'Acad. des Sciences, p. 84 ds DG); 1929 part. prés. subst. (Lar. 20e). Dér. de cape; préf. dé-; dés. -er, les impuretés formant une sorte de cape autour de l'objet à nettoyer. Fréq. abs. littér. :26. Bbg. DUB. Dér. 1962, p. 43 (s.v. décapeuse). — Termes techn. fr. Paris, 1972, p. 120 (s.v. décapeuse).II.⇒DÉCAPER2, verbe intrans.MAR. ,,Manœuvrer, faire route pour s'éloigner d'un ou plusieurs caps. Être décapé, c'est se trouver au large de ces caps ou écueils`` (GRUSS 1952). Ce bâtiment a décapé; nous avons décapé (Ac. 1835, 1878).Prononc. et Orth. :[dekape], (je) décape [dekap]. Ds Ac. 1798-1932. Étymol. et Hist. 1. 1755 adj. décapé « éloigné des caps » (Encyclop. t. 5, p. 606, s.v. encapé); 2. 1773 verbe décaper « s'éloigner des caps » (BOURDÉ, Man., I, 164 d'apr. R. Arveiller ds Fr. mod., t. 25, p. 309). Dér. de cap, préf. dé-, dés. -é, -er.1. décaper [dekape] v. tr.ÉTYM. 1742, attesté (→ Décapement); XVIe, deschaper « ôter la chape »; de 1. dé-, et 1. cape.❖1 Mettre à nu (une surface métallique) en enlevant les dépôts d'oxydes, de sels, les corps gras qui la couvrent. ⇒ Dérocher, poncer. || Ouvrier qui décape (les métaux). ⇒ Décapeur. — Pron. || Fer qui se décape dans un bain d'acide sulfurique.♦ Par métaphore :1 (…) mon intention n'était vraiment que de faire des exercices, le résultat, c'est peut-être de décaper la littérature de ses rouilles diverses, de ses croûtes.R. Queneau, Bâtons, chiffres et lettres, p. 43.2 Par ext. Nettoyer (une surface) en en enlevant la ou les couches superficielles de matière. || Décaper des boiseries peintes, un parquet sale. ⇒ Frotter, nettoyer. — En emploi absolu :2 Le premier shampooing ne mousse jamais. Il glisse sur les cheveux encore gras. Il ne sert qu'à décaper.P. Guth, le Mariage du naïf, XII, p. 115.♦ (1898). Spécialt. || Décaper une chaussée, en nettoyer la surface pour un nouveau revêtement. — Chasse. Dépouiller (un animal) de sa peau.3 Fig. Dégager, rendre plus net.3 Une lueur froide et minérale décapait les contours des arêtes de pierre dure.J. Gracq, le Rivage des Syrtes, p. 352.♦ Décaper (qqn) de (un sentiment, une idée, etc.), le débarrasser de (ce qui embarrasse, empêche de fonctionner aisément…).❖DÉR. Décapage, décapant, décapement, décapeur, décapeuse.————————2. décaper [dekape] v. intr.ÉTYM. 1755; de 1. dé-, cap, et suff. verbal.❖♦ Mar. Vx. Manœuvrer en vue de s'éloigner d'un ou de plusieurs caps (→ Prendre la haute mer).
Encyclopédie Universelle. 2012.